C'est un phenomene que j'ai souvent remarque : des que l'enjeu est important, je suis comme paralysee, incapable de debuter ma tache.

Ca va se traduire par des heures a trainer sur internet, a lire n'importe quel papier me tombant sous la main, a trouver soudainement tres important de trier ce vieux tas de paperasses, bref... Ne surtout pas m'attaquer a ce projet si important qui trone sur mon bureau, on dirait presque qu'il se fiche de moi, salete de projet.

Si j'y pense un peu trop, j'ai sous les yeux toutes les catastrophes qui se produiraient surement si je n'arrive pas a mener ce projet a perfection. Alors, je m'invente d'autres urgences, une recherche internet a faire la tout de suite, une lettre a ecrire, un blog a remplir...

Puis le moment vient ou ce n'est plus possible de fuir, j'ai a peine le temps de realiser le projet, je n'y arriverai pas, c'est sur, c'est la fin du monde, comment ai-je pu etre assez bete pour laisser filer le temps si precieux ?

Et puis voila, pendant 3 jours, 3 semaines ou 3 mois, je ne vais plus vivre que pour ce projet, et je vais le finir a temps. L'histoire est toujours, toujours la meme. Le projet est toujours realise dans les delais, il n'est peut-etre pas parfait, mais il est pas mal, aucune catastrophe ne se produit. Comme a chaque fois, il a fallu attendre que s'instaure cet etat de panique pour que je puisse faire mon travail.

Pourquoi ?

On sait bien que c'est mal de travailler dans l'urgence, n'est-ce pas ?
On sait bien que les gens organises ne souffrent pas de ce genre de stress.
Si j'ai besoin de cet etat de crise pour bosser, ca veut dire que je ne travaille pas bien, forcement...

Non ?

Non, peut-etre pas.
Je commence a me faire a l'idee qu'un schema qui se repete systematiquement a peut-etre une utilite. Je commence a me dire que ca correspond peut-etre a un mecanisme naturel. Je sais qu'il existe des gens qui peuvent fournir avec regularite une quantite de travail de bonne qualite, mais je crois que je suis pas comme ca, et que ca ne me rend pas forcement plus mauvaise.

Que se passe-t-il pendant de temps ? Est-ce un temps de preparation ? J'ai le sentiment que cette fuite n'en est pas une, mais plutot comme une periode de repos mental et de concentration des forces avant la bataille. Et de fait, quand je me plonge enfin dans le projet, les choses coulent toutes seules, comme si le travail avait ete predigere. Dans mes nuits, dans mes reveries, le projet etait deja entame, deja circonscrit, deja mien.

Alors il est possible que ce soit mon fonctionnement, et qu'il ne soit pas meilleur ni pire qu'un autre. Il est possible que je passe ma vie ainsi, a alterner des phases d'oisivete apparente avec des phases de productivite intense, le sentiment de culpabilite en moins...